CHALLENGE EN CONFINEMENT
Parfois les idées viennent et vous ne savez pas d’où ! C’est le cas pour ce remake / parodie de l’affiche d’un film culte du grand Clint Eastwood : Million Dollars Baby. Si vous ne l’avez pas encore vu, je vous le conseille vivement. Un film dramatique, une histoire intense avec des personnages qui vous prennent aux tripes. Il est sur Netflix, si jamais 😉
Pendant le confinement COVID-19, mon activité de photographe s’est arrêtée net. Cette idée de refaire l’affiche a été pour moi un vrai bol d’air frais. J’avais besoin de faire quelque chose qui me stimule et mette ma créativité à l’épreuve. J’ai saisi l’occasion lorsque ma compagne Chloé m’a demandé de la photographier avec une longue tresse en mode sport. L’idée m’est tout de suite venue comme une illumination. Comment faire d’une pierre multiples coups !
Je connais cette affiche depuis la sortie du film, elle m’a marquée autant que le long métrage. Mais je n’avais jamais remarqué le travail remarquable sur les lumières. J’ai scruté tous les détails, le placement des lumières, le montage, l’attitude des personnages. C’est du grand travail de photographe !
Trève de blabla, je vous présente ma relecture de cette affiche :
LA LUMIÈRE
Etant loin de mon studio, j’ai dû m’adapter pour que les lumières soient puissantes et le fond le plus neutre possible. Habituellement, je fonctionne avec les flashs, je suis ce qu’on appelle un « strobiste ». Pour cette ambiance, ce n’est pas la technique qui m’a paru la plus adaptée. Comme au cinéma, j’ai opté pour une lumière continue.
L’occasion idéale pour moi d’utiliser enfin mes deux panneaux LED achetés l’année dernière. J’ai pu obtenir l’effet voulu : peu de diffusion, une lumière dure avec des ombres marquées sur les visages et sur le dos pour faire ressortir les muscles et la chevelure. Pour Chloé, une première lumière de face à peu près à hauteur de visage et une deuxième à l’opposé, plus en hauteur afin d’avoir une bonne partie des cheveux dans la lumière. Pour moi-même, une lumière très proche à hauteur de front orientée vers le sol à 45°. Une autre à l’arrière pour un léger voile sur les cheveux. Dans ce cas, il était très important d’avoir les ombres portées sur le visage, particulièrement celles du nez et des arcades sourcilières.
LES RETOUCHES & LE MONTAGE
J’ai trouvé plusieurs versions de cette affiche : noir & blanc, sepia, couleur… Apparemment ces dernières ont été utilisées pour différents supports comme DVD ou BLU-RAY. J’ai choisi de faire la version en noir & blanc car c’est celle qui me paraissait le plus percutant. Ceux qui connaissent mon travail ne seront pas étonnés par ce choix, j’affectionne particulièrement le noir & blanc en photographie.
Vous pouvez voir les photos brutes de chez brutes plus haut. J’ai donc commencé par isoler la silhouette de Chloé de son fond – notre appartement, confinement oblige. Pour ma photo, je n’ai pas eu besoin de faire de détourage ou d’isoler le fond. L’appartement était dans le noir complet et les lumières viennent mettre en avant ce qui se trouve uniquement devant elles.
Viens ensuite l’ajustement des différents éléments et la composition. J’ai donc regroupé les deux photos sur une seule et même image, placé chacun pour retrouver la dynamique de l’affiche initiale. Ensuite, j’ai effectué le traitement de manière globale afin d’éviter des écarts trop importants entre les deux personnages. Un noir & blanc fort avec des hautes lumières poussées au maximum à la limite de la surexposition. J’ai également dû accentuer certaines ombres, notamment sur le côté gauche de Chloé, ombrer la zone temporale autour de l’oreille. J’ai dû aussi masquer toute une partie de mon col et le motif du t-shirt noir. Originellement, Clint Eastwood a son polo d’entraineur mais je n’avais pas cet élément à disposition dans mon armoire.
Une fois que le résultat était homogène, l’ensemble cohérent non seulement entre les deux personnages mais aussi avec l’affiche originale, j’ai pu importer notre ami Morgan Freeman. Un petit coup de polish noir & blanc pour l’adapter à notre traitement global, surtout dans la teinte du noir.
LES PETITS +
Je tenais à aller le plus loin possible dans mon adaptation et cela passait également par les textes. Une affiche de film sans texte n’est finalement rien de plus qu’une photo très léchée !
J’ai assez facilement trouvé la typographie utilisée dans l’affiche originale (Berthold Akzidenz pour l’anecdote) et commencé à copier les textes. Gros clins d’oeil à ce niveau là, je ne vais pas expliquer, à vous de découvrir 😉
Je dois avouer que je ne me rendais pas compte de toutes les infos qui figurent sur une affiche. Tout ces petits caractères qu’on ne lit jamais, qui sont volontairement très petits. Un concentré de mentions légales et de crédits, mais qui bizarrement forment une sorte d’assise à la composition globale. Il me paraissait donc essentiel de les reconstituer et de les avoir dans l’aspect final.
Une fois ma signature posée, le travail était fini. J’ai prit mon pied à faire ce travail de reconstitution !
Et vous qu’en pensez-vous ? Laissez-moi un commentaire 😉
Pour découvrir mon article sur la photo en confinement :
https://benjaminhincker.com/covid-19-la-photo-en-confinement/
Pour voir la BA du film :
https://www.youtube.com/watch?v=pqtP-2uNzlA